Entretien avec Marc-Antoine JAMET, président du Conseil d'administration du Cned

Le Cned vient de changer de directeur général. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

La relation entre, d’une part, le directeur général, chargé de la gestion et du développement de l’établissement, nommé en conseil des ministres sur proposition du ministre de l’Éducation nationale, et, d’autre part, le président de son conseil d’administration, arbitre au-dessus de la mêlée, personnalité indépendante venue du monde des affaires ou des collectivités territoriales, double appartenance que je revendique, doit être harmonieuse et étroite. C’était évidemment le cas avec mon ami Serge Bergamelli qui a initié, avec talent, avec courage, la modernisation numérique et la renaissance du Cned. Pour autant, cette complicité n’est pas automatique.
Cela ne fait que souligner l’honneur et le plaisir que j’ai eu à travailler avec Michel Reverchon-Billot. Le caractère calme et déterminé de ce Vosgien devenu Poitevin, les convictions pédagogiques de grand serviteur de l’État, sa volonté de réformer – au nom du bon sens économique et du progrès – notre institution, tout en en garantissant les missions, en en protégeant les personnels et en en satisfaisant les clients usagers-clients, m’ont fait adhérer, personnellement et professionnellement, à sa démarche audacieuse, résolue et équilibrée. Je suis issu d’une dynastie d’enseignants et je crois en la République des professeurs. À la tête de notre entreprise-service public, il en a été un magnifique représentant. Ma reconnaissance va vers lui. Pour son intelligence. Pour son humour. Pour son travail.
Je connais bien et depuis longtemps Jean-Noël Tronc. Je souhaite évidemment retrouver avec lui la même proximité. Les fonctions qu’il a occupées auprès d’un grand Premier ministre de la France, son goût pour les idées nouvelles et la prospective, son accoutumance au monde digital et sa grande connaissance du monde culturel, son dynamisme et la vivacité de son esprit doivent être des atouts pour notre maison. Ils lui seront incontestablement profitables pour l’accompagner dans les défis auxquels elle doit faire face : hybridation des enseignements, ingénierie à distance, flexibilité, nouveaux usages, innovations technologiques…  Tant que j’accomplirai mon mandat et aussi longtemps que le Cned restera incontournable dans le paysage éducatif français, il pourra compter sur mon soutien. Comme sur le vôtre… Je lui souhaite la bienvenue. Il a entre les mains « le talisman de l’avenir.

Alors que le marché de la formation à distance a profondément évolué, l’institut de sondages CSA a réalisé une étude de notoriété et d’image du Cned et de ses principaux concurrents en octobre 2021. Quels enseignements en tirer ? 

Je note, d’abord et avant tout, que cette étude met en avant notre rebond face à une concurrence privée qui n’a ni notre qualité, ni notre solidité, qu’il s’agisse du professionnalisme de nos formateurs ou de la réussite de ceux qui font appel à eux, mais se contente souvent, prospérant sur l’idée particulièrement discutable dans notre activité que le privé serait meilleur que le public, de déverser des flots d’argent dans des campagnes publicitaires.
Immense bonne nouvelle, la notoriété spontanée du Cned est en hausse de 8 points par rapport aux résultats de 2015. 33 % des personnes interrogées le citent lorsqu’on leur demande si elles connaissent un organisme de formation à distance, contre 25 % précédemment. Nous apparaissons comme l’organisme qui propose la plus large palette de formations de qualité, accessibles à tous. L’établissement, par l’excellence de ses services, bénéficie également de la meilleure appréciation globale (6,8/10). Les valeurs du Cned (liberté d'apprendre, accessibilité, souplesse, utilité sociale, réussite) sont identifiées et reconnues par 75 % des personnes interrogées. L’établissement ressort grandi de la crise sanitaire : 82 % des parents ayant au moins un enfant scolarisé l’ont perçu comme un acteur de la continuité pédagogique. Le Cned s’impose donc comme l’organisme de la formation à distance qui inspire le plus confiance. Mais notre réputation souffre toujours d’une image « vieillotte ». Il faut inverser ce sentiment. Je souhaite que le programme d'innovations technologiques orientées vers des dispositifs personnalisés et adaptés aux besoins des apprenants que nous menons, le permette.

Le Cned est certifié Qualiopi depuis septembre 2021, pour une durée de 3 ans. Ce gage de qualité renforce-t-il la solide réputation et l’image de l’établissement ? 

La loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel prévoit effectivement que les prestataires de formation doivent être certifiés par un organisme accrédité, afin de bénéficier de fonds publics ou mutualisés. 
Les audits effectués pour obtenir le label Qualiopi ont démontré, concrètement, la réalité de la démarche qualité mise en œuvre par le Cned. Je m’en félicite. Cette certification est la reconnaissance du travail amorcé depuis quelques années. Elle garantit que nos dispositifs de formation répondent aux attentes des financeurs publics en termes d’acquisition de compétences et d’accompagnement. Elle est également le résultat de l’engagement fort de l’établissement et témoigne de la pertinence des formations délivrées à ses apprenants. Je ne peux que nous encourager à continuer dans cette voie.
Évaluation, transparence et labellisation ne sont pas des freins, mais des armes.